Les Anciens Chaudronniers -Tuyauteurs des Chantiers Navals de La Seyne-Sur-Mer FCM-CNIM-NORMED

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Oui, notre Pont Levant à 100 ans

        Construit en 1917, ce pont basculait pour laisser passer les trains approvisionnant les chantiers navals en matières premières. Depuis la fermeture des chantiers, il a été inscrit à l’inventaire des monuments historiques. Sur le plan visuel, Il nous reste le pont Levant, la porte principale, il y a aussi l’atelier de mécanique ou un futur projet se met en place et nous souhaitons que celui-ci arrive à son terme.

Notre  Pont Levant, les ouvriers du chantier et la Sécurité Sociale, entre eux c’est une longue histoire.

Notre Pont levant à 100 ans, suivi de près par la sécurité sociale qui en  a plus de 70. Nous avions besoin du Pont Levant comme nous avions besoin de la Sécurité sociale. Le besoin de travailler et le besoin d’avoir une couverture sociale.

                Notre pont Il a vu du haut de ses plus de 40 mètres la dureté des différents métiers, il a vu des enfants avec des visages d’adultes poser les rivets chauffés à blanc pour relier  les pièces d’acier toute la journée.  

    Notre pont a  entendu la sirène du chantier  pour annoncer les accidents de travail mortels, il y en a eu, oui beaucoup trop, je pense à Mrs Costa et Cossu, écrasés par une proue de navire de plusieurs tonnes qui nous ont profondément marqué.

    Notre pont a entendu cette sirène appeler la population seynoise à venir soutenir les travailleurs en grève.

Notre pont a aussi entendu la sirène pour les lancements de navires, un lancement est un spectacle impressionnant, grandiose, toute la ville est  au rendez-vous dans une joie partagée, tous sont là, une dernière secousse est donnée et lentement la coque descend rejoindre son élément naturel. Encore un, il y a n’a  eu  beaucoup d’autres.

  Oui tous ces hommes et femmes regardaient avec plaisir lors des lancements partir vers des mers inconnues le fruit de leur travail. Le devoir était accompli. 

 Alors quand on entendait dans la ville les rumeurs, pendant les périodes de crise, selon lesquelles on ne foutait rien aux chantiers, « ce sont des bras cassés », dans le langage familier et politique les bras cassés, ce sont des gens incapables, mauvais, nuls, sur lesquels on ne peut compter,  paresseux et bons à rien, voilà  ce que l’on pensait des travailleurs et travailleuses des chantiers navals de la Seyne sur Mer.

Voilà la rumeur savamment distillée à la population de la  commune et des villes environnantes par les imbéciles, les jaloux, par des politiciens intéressés, et par tous ceux qui crachaient dans la soupe, oui une rumeur nauséabonde  pour mieux faire  accepter le plan de liquidation.

  Rumeur, rumeur, quand tu nous tiens, elle finit toujours malheureusement par être acceptée par beaucoup.

Nous avons fabriqué de 1939 jusqu’à 1986 avec  les anciens jusqu’à notre génération  127 constructions, dont 121 navires, 5 plates formes et  un module,  tout cela construit en 47 ans, soit 3 constructions  par an bon an, mal an.

      Bien sûr, il y avait des planqués, peut-être pas à l’endroit où l’on pense en premier,  il y en a comme de partout, aux chantiers comme ailleurs. C’est une très  infime minorité,  est ce que c’était une raison pour mettre dans le même sac 6000 travailleurs et travailleuses.

   C’était quand même manquer de respect à tous ceux, qui toute l’année s’évertuaient à trimer dur, certains à en mourir, d’autres blessés à vie dans leur chair,  beaucoup de travailleurs ont payé et payent encore de leur vies ces années passées au travail, car l’amiante,  les fumées, la laine de verre, , les peintures, les fumées de zinc et bien d’autres produits nocifs ne pardonnent pas.

   Je tiens à vous dire que les bateaux ne sortaient pas à coups de baguettes magiques mais bien par le courage et la volonté des hommes et surtout de leurs savoir-faire.

Notre pont levant,  couvert à sa pointe, d’un drapeau rouge, assistait aux grèves dures, il a vu la rentrée des CRS, dans son entreprise en 1966, entrée ratée en 1968 grâce à des ouvriers vigilants, réussie le 10 octobre  1984  contre les tuyauteurs avec  l’aide de complicités intérieures.

Vous savez quand on ne veut pas vendre sa maison, on ne la fait pas visiter.

Notre pont levant, nous a soutenu quand nous avons occupé le paquebot, malheureusement il a vu partir le « Fairsky », notre dernier  espoir, il est parti tôt presque en cachette, on ne libère pas un bateau quand la majorité des travailleurs  en ont décidé autrement.

Notre pont n’est pas un pont comme les autres, il reste le symbole ouvrier de notre département, il est resté droit comme une justice, un respect pour ses milliers de travailleurs et travailleuses qui ont tant œuvrés pour la ville de La Seyne sur Mer et son département.

Le créateur de la sécurité sociale avait la même trempe que certains  du chantier, Des tuyauteurs tels que Mrs Ferreri Louis, Passaglia Jean,  ainsi que Jacomet Gabriel, Valdacci Joseph, Brémond Louis, tous  communistes, élus, syndicalistes et résistants et bien d’autres, qui mériterais d’avoir leurs noms sur les murs du nouveau projet de Musée sur le site  de la navale.

  Il y a un témoin de cette époque, il est là devant vous, il s’agit de Mr Passaglia Jean, avec plus de 90 ans,  tant de dévouement pour sa ville, tant de gentillesse, toujours l’œil vif et la réponse précise quand il s’agit des attaques contre la classe ouvrière, il est  accompagné par son épouse Annette que nous embrassons affectueusement. Nous pensons aussi à notre amie Josette Vincent qui nous a quittée il y a peu de temps.

Les Anciens Chaudronniers Tuyauteurs ont un grand respect pour son  Pont Levant, il reste le phare pour ne pas oublier qu’il y avait une entreprise féconde de travailleurs et travailleuses intelligents et intelligentes avec un savoir-faire mondialement reconnu.